"Seuls 15% des établissements recevant du public sont aujourd'hui accessibles alors que 70% du temps est passé", déplore le président de l'Association des paralysés de France (APF), Jean-Marie Barbier.
Les 5e assises nationales de l'accessibilité qui se tiennent jeudi et vendredi à Paris, devraient être l'occasion d'évoquer les progrès réalisés depuis sept ans mais aussi de mesurer le long chemin qu'il reste à parcourir.
L'accessibilité est une obligation nationale depuis 1975. La loi de 2005 l'a renforcée et a rendu obligatoire la mise en accessibilité de tous les bâtiments et transports publics, en 2015 dernier délai.
"Donner une date butoir a permis de mettre tout le monde sous tension, même si la réactivité a été plus ou moins rapide", souligne Marie Prost-Coletta, déléguée ministérielle à l'accessibilité. "On a de vraies belles réalisations partout en France, mais il est clair que ce n'est pas en dix ans qu'on peut changer une société construite en plusieurs siècles", ajoute-t-elle.
Les associations déplorent en premier lieu l'absence de diagnostic précis.
"On est sûrement loin du compte, mais on manque de baromètre global sur lequel s'appuyer", pointe Arnaud de Broca, secrétaire général de la Fnath, association des accidentés de la vie.
François Hollande a annoncé son intention de créer une "agence de l'accessibilité des bâtiments" pour les handicapés. "On attend qu'elle ait des moyens financiers et humains, pour faire un état des lieux précis de la situation", prévient M. de Broca.
Les commerces de proximité peu accessibles
L'APF a d'ores et déjà lancé son propre baromètre. Selon sa dernière édition, publiée en février, l'accessibilité des villes progresse, mais lentement.
Parmi les points positifs, l'association a relevé l'accessibilité des centres commerciaux, des progrès dans les bureaux de Poste et les piscines. Le baromètre a aussi confirmé "que la majorité" des établissements municipaux type mairie, théâtre municipal, stade municipal "devraient être accessibles pour 2015."
A l'inverse, "les commerces de proximité continuent d'être un souci prégnant".
Dans les municipalités ayant répondu, 47% des lignes de bus sont par ailleurs accessibles. Et seuls la moitié des travaux de voirie nécessaires (mise à niveau des trottoirs, passages protégés, installations de signaux pour aveugles, d'alertes lumineuses pour les malentendants...) ont été réalisés, estime M. Barbier.
Les associations s'inquiètent aussi de tentatives visant à introduire dans la loi des dérogations aux obligations.
"Beaucoup de communes ne seront pas au rendez-vous de l'accessibilité le 1er janvier 2015, parfois par manque de volonté politique", résume Jean-Michel Royere, président de l'association Mobilité réduite, qui teste si des villes, choisies au hasard, sont accessibles aux personnes en fauteuil roulant.
Selon son classement, des villes comme Antony, Saint-Mandé ou Vierzon, jugées "inaccessibles" ont écopé d'un carton rouge. Seules deux villes visitées sur 86 -Montargis et Puteaux- ont à l'inverse obtenu les félicitations du jury.
"Tout ne sera pas accessible à tous en 2015", concède Paul Joly, architecte et vice-président du Conseil national du handicap. "La mise en accessibilité coûte cher et il subsiste des freins, mais la sensibilisation est en marche", estime-t-il.